Portrait de la forêt de Saoû : Espace Naturel Sensible
Aux portes du village de Saoû, au cœur du département de la Drôme, commence le monde d’une des plus belles forêts drômoises. Reconnue par de nombreux classements*, la forêt constitue le plus vaste Espace Naturel Sensible (ENS) du Département de la Drôme avec ses 2 354 hectares.
Ceinturé d’une véritable muraille de calcaire, ce massif abrite une biodiversité exceptionnelle. Véritable joyau naturel de la vallée, la forêt prend de la hauteur par le sentier, jusqu’au point culminant (1 589 m) des célèbres Trois Becs: le Veyou, le Signal et Rochecourbe, aisément repérables dans le paysage drômois.
C’est ce site géologique remarquable qui a permis la naissance d’une arche de biodiversité singulière.
Afin de la préserver et de l’ouvrir au public, le choix d’une gestion durable et partagée a été fait par le Département.
*Classements donnés à la forêt de Saoû : zones Natura 2000, site classé au titre du paysage en 1942, 2 ZNIEFF, forêt de protection.
Un site géologique remarquable
Le massif de Saoû, bien connu des spécialistes, est caractérisé par sa morphologie en synclinal perché.
Cette formation géologique remarquable, à l’allure d’un «vaisseau de pierre», résulte en réalité d’un long travail de plissement, de déformation et d’érosion.
Qu’est-ce qu’un synclinal perché ?
C’est un pli en forme de gouttière dont le cœur est occupé par des formations géologiques plus jeunes que les flancs.
Il est encadré normalement par 2 plis anticlinaux qui devraient culminer à des altitudes supérieures.
On parle de « synclinal perché » lorsque l’érosion, ayant attaqué beaucoup plus fortement les anticlinaux que le synclinal, a laissé le fond du synclinal à une altitude supérieure à celle des terrains alentours.
Une arche de biodiversité
Grâce à sa diversité d’habitats et à sa forme particulière, le massif de Saoû constitue une véritable arche de biodiversité.
Tantôt fraiche et humide, tantôt sèche et ensoleillée, la forêt abrite des écosystèmes riches et variés. La richesse écologique de ce massif tient avant tout à la cohabitation, parfois étonnante, d’espèces et d’ambiances qui ne se côtoient guère d’habitude, comme la lavande et la gentiane.
Neuf grands ensembles ou biotopes dominent le massif au sein desquels s’équilibrent les êtres vivants : le parc de l’Auberge, les prairies de fauche, les pelouses alpines, la grande combe, la chênaie mixte des versants sud, la hêtraie-sapinière, la hêtraie sud sèche, les crêtes et falaises et la zone humide ripisylve.
Chacun d’entre-eux offre le gîte et le couvert à une flore, une faune, des champignons et des micro-organismes spécifiques.
Mais les choses ne sont pas aussi simples et cloisonnées.. Certains animaux se déplacent de territoire en territoire pour se loger, se reproduire ou se nourrir. Dans chaque milieu cohabite en réalité une infinité d’écosystèmes miniatures… Tout dépend où nous posons notre regard !
Le choix d’une gestion durable et partagée
La gestion d’une forêt peut se faire de manière très différente suivant l’objectif poursuivi.
Hier, la forêt de Saoû était habitée, exploitée, déboisée, reboisée.
Aujourd’hui, la forêt est inhabitée mais toujours exploitée, mais n’est plus déboisée.
L’enjeu de sa gestion actuelle consiste à combiner :
- activités humaines raisonnées, comme la production de bois ou le pastoralisme,
- préservation de la biodiversité,
- fréquentation du public, dans le but de faire découvrir ce patrimoine naturel unique.
Ainsi, à travers une vision d’ensemble du site, prenant en compte la diversité de ses milieux naturels, ainsi que les nombreux usages, le Département de la Drôme, assisté par un comité de gestion composé de partenaires locaux, opte pour une gestion raisonnée et durable du site.
Les grandes orientations du site sont regroupées au sein de la Charte d’Utilisation Partagée de Développement Durable de la forêt.
Par exemple, la gestion forestière se traduit par le maintien de zones non exploitées sur plusieurs hectares, la protection des milieux associés comme les cours d’eau, les falaises ou les espèces patrimoniales, la conservation des gros et vieux arbres même s’ils sont exploitables, l’abandon de bois mort pour que la faune et le sol en bénéficient et une gestion en futaie irrégulière qui favorise la diversité des essences et des âges des arbres.
La préservation de cet espace naturel est fondamentalement une affaire collective. Elle est du ressort de chacun d’entre nous. En adoptant un comportement responsable, en respectant le règlement du site de la forêt, nous contribuons à la bonne santé de cet environnement fragile.